Un bon coach doit inspirer le respect. Par sa carrière de joueur, son passé d’entraîneur, sa stature, ses succès passés, ses colères, etc. Tous les joueurs ne sont pas Mathieu Darche, et la plupart d’entre eux ont besoin d’un modèle qu’ils respectent pour les pousser à donner leur maximum à chaque match.
Ce que Jacques Martin apporte à ses joueurs, c’est avant tout un sentiment de faire partie de quelque chose, appelez ça une famille ou un groupe fortement soudé. Moi, je vois ça comme un bateau. Si tout le monde rame au meilleur de ses capacités, le bateau avancera à bonne vitesse, même si quelques joueurs se laissent aller. Le travail du coach est de s’assurer qu’un nombre suffisant de rameurs travaillent en même temps pour que le bateau continue à avancer. Et pour ce faire, il doit leur faire comprendre qu’ils sont responsables non pas juste d’eux-mêmes, mais de tous les joueurs de l’équipe entre eux.
Et ça, Jacques Martin l’a fait à merveille. Parce que le Canadien, de club de joueurs individuels qu’il était sous les Kovalev, Higgins, Ryder, Kostitsyn première version, Grabovski, Latendresse et autres, est devenu une équipe, avec un sentiment d’appartenance. Une équipe où le crest à l’avant du chandail est plus important que le nom à l’arrière*. Vous en connaissez beaucoup, vous, des jeunes défenseurs vedettes qui se garrochent sur la glace pour bloquer un tir comme PK le fait?
Une équipe responsable, c’est une équipe qui met sur un pied d’égalité un but empêché et un but marqué. C’est où équipe au sein de laquelle les joueurs optent pour l’action qui a le moins de conséquences négatives. Non, ça ne fait pas des matchs très spectaculaires au premier abord. Mais lorsque regardés attentivement, ces matchs nous montrent toute la subtilité du jeu. Un peu comme un match de football canadien joué à -20 degrés. Plus on est attentif, meilleur est le match.
Comment peut-on mesurer cette responsabilité? Très simplement, on regarde le différentiel des joueurs (même si ce calcul ne démontre pas toujours toute la réalité). Et en ce moment, Cammalleri, Halpern et Picard se retrouvent dans les meneurs de la Ligue, respectivement à +10, +8 et +8. En fait, seuls 5 joueurs du CH ont un différentiel négatif, dont Gill, Pyatt et Lapierre, qui affrontent les meilleurs trios adverses tout en étant limités dans leur talent offensif (et donc dans leurs occasions d’augmenter leur différentiel).
Bref, on peut être fier du système implanté par Jacques Martin, où chaque joueur pense à ses coéquipiers et à son club autant qu’à lui-même. Et ce sera bon ce soir, parce qu’on affronte des Thrashers qui ont sensiblement la même façon de voir les choses…
Bon match,
Docteur CH
*Je pense qu’il s’agit d’une des devises écrite dans le vestiaire des Flyers, comme quoi ce club n’a pas que du mauvais…